Je suis la maman de Chloé

Je n’avais pas prévu de vous parler de Chloé.

Bien sûr j’ai été très touchée par le calvaire de cette petite fille.

Je suis une maman. Chloé aurait pu être MissBelette : même âge, même silhouette, même couleur de cheveux. Chloé aurait pu être chacun de nos enfants.

Et puis Chloé, c’est la voisine d’une copine, la cousine d’une autre, la copine de classe du fils d’une autre. Ce n’est pas juste une photo désincarnée sur un avis de recherche.

Comme des milliers de personnes je suis allée marcher pour elle, avec ce drôle de sentiment d’être inutile mais de faire quelque chose malgré tout.

Oui je suis touchée, émue, bouleversée même par ce drame.

Mais ce n’est pas pour ça que je m’entretiens avec vous.

Si j’ai ouvert mon blog aujourd’hui, c’est pour exprimer ma colère.

Non pas celle envers son meurtrier, des millions de gens l’ont fait avant moi et sans doute mieux que moi.

Je vous parle de celle que je ressens envers tous ceux qui osent commenter/dire/penser que la maman de Chloé a une quelconque responsabilité dans les faits. Il fallait mieux la surveiller. On ne laisse pas une enfant s’éloigner.

C’est comme ceux qui répondent pour une victime de viol : « c’est malheureux mais elle n’avait qu’à bien s’habiller » Un jour ça deviendra : « c’est malheureux mais elle n’avait qu’à pas sortir de chez elle »…

Quel est ce monde où la victime devient coupable ?

Est-ce pour se protéger qu’on en vient à penser de telles choses ? Pour se mettre à l’abri au moins par la pensée des drames potentiels de la vie ? C’est malheureux mais moi ça ne m’arrivera jamais, moi je suis plus qu’un parent attentif, moi je suis un parent parfait.

C’est malheureux mais…

Et bien moi je déclare, je revendique même : je suis la maman de Chloé.

Je lâche souvent mes enfants des yeux. Parce que je n’ai pas autant de mains que d’enfants. Parce que je n’ai pas assez d’yeux pour tous les avoir dans mon champ de vision. Parce que je suis préoccupée par ce que je vais faire pour le dîner. Parce que j’ai besoin de sas de décompression, de parler à des amis ou de faire autre chose intellectuellement que de gérer mes enfants tout le temps. Je suis actuellement à la plaine de jeux avec eux, branchée à mon téléphone. N’ai-je rien retenu ? Parce que je fais confiance à la vie, que pour moi les enfants ont besoin de petites libertés pour acquérir doucement de l’indépendance. Parce que je ne veux pas être le papa de Nemo. Parce que je suis humaine et imparfaite. Et que je me sais incapable de protéger mes enfants de tout. Que ça me bouffe. Mais que je n’y peux rien. Et je m’en rends encore plus compte maintenant.

Ne pas vivre pour ne pas prendre le risque de mourir ?

Madame la maman de Chloé, je compatis à votre peine. Je suis consciente que j’aurais pu être à votre place. Et ça me fait mal. Je vous souhaite que votre petit ange vous guide sur votre chemin, qu’il vous aide à continuer à être une maman aimante et imparfaite avec son petit frère et sa petite soeur. Et qu’il repose en paix.

chloe

5 réflexions sur “Je suis la maman de Chloé

  1. Super et c’est vrai la maman n’a rien fais de mal c’est juste que ce malade se trouvais là elle dois s’en vouloir même si ce n’est pas de sa faute chacun de nous a pu faire des erreurs avec ses enfants et se dire ah si j’avais su mais malheureusement on ne sais jamais d’avance ce qu’il peut arriver

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